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Notions de base sur la couleur |
Spécificités des capteurs couleur
La caméra est l'un des éléments principaux de la
chaîne d'acquisition d'une image. De nombreux types de caméras existent dans le
domaine de l'industrie : caméras analogiques ou numériques, caméra linéaires ou
matricielles, caméra multi-spectrales.
Les capteurs d'image utilisés en analyse d'image
couleur, sont généralement des caméras possédant un élément sensible à la
lumière reçue. Ces éléments sensibles peuvent être un tube électronique ou une
matrice CCD (Charged Coupled Device). Ces éléments ont de nombreuses
caractéristiques: leur définition, leur sensibilité spectrale, leur sensibilité
en luminosité, leur rémanence,...
Nous allons nous attacher aux
capteurs spécifiques pour l'acquisition d'images numériques couleur. Nous
aborderons d'abord les principes des capteurs couleurs avant de lister quelques
uns des capteurs numériques les plus utilisés aujourd'hui. Notons qu'un
recensement des principaux fabricants de capteurs couleur se trouve à l'adresse
http://www.directindustry.fr/nfk/fr/capteurs-de-couleur.html
Les principaux capteurs analogiques utilisés
aujourd'hui pour l'acquisition d'images couleur sont les caméras CCD couleur,
pour lesquelles on distingue deux types de technologies : mono-CCD et tri-CCD.
Nous aborderons également les capteurs CMOS et multispectrals. Pour plus de
détails on pourra se reporter au cours suivant :
http://www-cal.univ-lille1.fr/~ag/enseigne/image/seance1_2.html. Une
comparaison des capteurs analogiques et des numériques peut par ailleurs être
trouvée à
http://www.chin.gc.ca/Francais/Contenu_Numerique/Numerisez_Collections/Sub_sections/numeriques_analogiques.html.
- Caméra couleur mono-CCD :
Les capteurs CCD, Dispositifs à Couplage de
Charge, captent la lumière sur les petits photosites situés à leur surface. Ils
tirent leur nom de la manière dont le nombre de charges est lu après une
exposition à la lumière. La photodiode (ou photosite) est l'élément optique
sensible à la lumière, elle est rectangulaire et c'est elle seule qui capture la
lumière transitant par l'objectif. Elle comprend en plus un canal chargé du
contrôle de la charge et un autre chargé de la transmission de la charge. Dans
un capteur CCD couleur, les photosites sont organisés le plus souvent en matrice
(rangées et colonnes) avec un passage vertical entre chacun d'entre eux pour que
les charges électriques puissent être transférées. Après une prise de vue,
toutes les charges contenues dans une ligne sont transférées dans les CCD de la
ligne immédiatement inférieure, les CCD de la dernière ligne donnent leur
informations à une ligne de capteurs appelée "registre". A la sortie on obtient
les valeurs de charge d'une ligne de CCD. Tout ceci étant réglé par des
"horloges".
Ainsi, la lumière est transformée en impulsion
électrique (à ce stade nous sommes toujours en analogique). Ces impulsions
électriques sont alors envoyées vers un convertisseur analogique/numérique à
l'intérieur duquel sont appliqués à l'information des algorithmes pour numériser
l'image.
Figure 1 : Elément de base d'un capteur CCD
Les caméras couleurs mono-CCD sont, comme leur
nom l'indique, munies d'un seul capteur CCD. Les composantes couleur de la scène
sont obtenues en plaçant une mosaïque de filtres colorés (dépôts en couche mince
de substance à base d'oxydes de silicium), de telle sorte que chaque cellule du
capteur CCD ne perçoit qu'une des trois composantes, généralement Rouge, Verte
et Bleue. On trouve sur la figure 2 quelques exemples de filtres .
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Filtre colonne |
Filtre de Bayer |
Filtre de Rockwell |
Figure 2 : filtres utilisés pour les capteurs
mono-CCD |
Le filtre le plus utilisé dans les technologies
actuelles est le filtre de Bayer, illustré par la figure 3. Il permet de
calculer la valeur d'un pixel à partir d'un quadruplet de photosites, donnant
plus de poids à la composante verte, pour laquelle l'œil présente le maximum de
sensibilité. On trouvera des détails quant à la disposition des photosites et
des filtres correspondant à l'adresse
http://www.chin.gc.ca/Francais/Contenu_Numerique/Numerisez_Collections/Sub_sections/capteurs_dimages.html
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Figure 3: le filtre de Bayer |
Un pixel est donc composé de quatre photosites
(2 verts, 1 bleu et 1 rouge), il y a plus de vert pour tenir compte du fait que
l'oeil humain est plus sensible au vert qu'aux autres couleurs. Les calculs
nécessaires pour construire une image numérique couleur peuvent donc être très
importants comme le montre la figure 4 :
Figure 4 : Schéma de fonctionnement d'un capteur
numérique mono-CDD couleur
Les limitations du capteur couleur mono-CCD sont
donc liées au fait qu'il faille au moins trois cellules pour obtenir
l'information couleur complète.... d'où une perte de résolution. De plus, les
trois cellules utilisées pour définir la couleur d'un point ne sont pas
localisées au même endroit, ce qui est à l'origine d'aberrations chromatiques.
- Caméra couleur tri-CCD :
Les caméras 3-CCD sont équipées d'un dispositif
à base de prisme, comprenant 3 capteurs CCD. Ainsi, la résolution de l'image
couleur n'est pas dégradée par un système de mosaïque : à chaque point de
l'image correspond 3 cellules CCD. La caméra se présente alors de la manière
suivante :
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Figure 5 : Décomposition de la lumière sur 3 CCD |
- La caméra CMOS :
Il s'agit ici d'un nouveau type de détecteur
semi-conducteur à oxyde de métal complémentaire les capteurs CMOS (Complementary
Metal Oxide Semiconductors) Ce sont de minuscules circuits et dispositifs
gravés sur des puces de silicium. Les processeurs CMOS les plus récents, dont le
Pentium II, contiennent près de 10 millions d'éléments actifs. La fabrication de
capteurs d'image CMOS selon le même procédé que pour les puces d'ordinateur se
traduit par une baisse spectaculaire des coûts. Le coût de fabrication d'une
plaquette CMOS est le tiers de celui d'une plaquette équivalente avec des
dispositifs à couplage de charge.
Comme pour les capteurs CCD, la cible comporte
des cellules élémentaires, le plus souvent organisées en ligne et en colonnes.
Chaque cellule élémentaire peut être équipée d'un amplificateur intégré. La
sortie des amplificateurs composant une ligne est validée séquentiellement par
l'intermédiaire d'une ligne d'adressage. La technologie CMOS permet
l'intégration des opérateurs analogiques (amplificateurs) ou numériques
(adressage) sur la même puce de semi-conducteur. De plus, il est facilement
envisageable d'adresser, séparément ou par bloc, les cellules élémentaires.
Les avantages de la
technologie CMOS par rapport au CCD sont les suivants :
- Coûts de fabrication moins important. L'implantation des composants CMOS est aujourd'hui bien
répandue et maîtrisée.
- Faible consommation
d'énergie : L'architecture des capteurs permet une consommation 100 fois plus
faible que pour les CCD (composant essentiellement capacitifs qui consomment
pour le transfert des charges). Un systme CCD demande 2–5 watts, comparé aux
20–50 milliwatts pour les CMOS avec le même nombre de pixel. Par exemple, une
batterie NiCd peut alimenter une caméra CMOS pendant une semaine et seulement
quelques heures pour une caméra CCD
- Accès à des régions de pixels
- Plus grande rapidité pour obtenir l'image
Ces caméras sont pourtant peu utilisées dans le domaine industriel.
- Les caméras multispectrales :
Des caméras plus spécifiques existent sur le
marché : caméra infra-rouge ou multispectrale. Cette dernière devient de plus en
plus importante dans les applications.
Plusieurs technologies existent : l'un est le
même que pour la caméra mono-CCD avec une roue de filtres plus importante. Le
second est un système de prisme décomposant la lumière suivant diverses longueur
d'ondes comme le montre la figure ci-dessous :
Figure 6 : Décomposition du signal lumineux
provenant d'une ligne (spatial)sur un prisme (spectral)
Une autre technologie utilisée est une roue de
filtres très sélectifs à positionner devant la caméra.
Une fois le capteur choisi, il s'agit de lui
associer une carte graphique. Comme pour la caméra, le choix de la carte
graphique (Video Frame Grabbers) dépend de l'application. Ainsi, certaines
applications demandent une acquisition et un traitement rapide. La carte
graphique est caractérisée par le nombre de bits qu'elle peut afficher, la
fréquence de balayage et le temps de rafraîchissement. C'est aussi dans la carte
graphique que se trouve la table de conversion, LUT (Look Up Table), qui sera
utilisée pour compenser la caractéristique de l'écran. De plus amples
explications sont données sur le site
http://24.16.71.95/topics/Tutorials/marvel_g200.htm. De plus en plus,
plutôt que d'associer une caméra analogique et une carte graphique, on choisit
d'utiliser directement une caméra numérique.
On l'a vu, les technologies CCD et CMOS sont les
plus utilisées mais on trouve désormais des technologies innovantes comme le
Super CCD et le X3. On pourra se reporter au site
http://laphotonumerique.free.fr/
- Les capteurs CCD :
Le principe du capteur mono-CCD est rappelé sur
la figure 7 :
Figure 7 :Capteur CCD numérique
Physiquement le capteur CCD
est un composant gros comme l'ongle du petit doigt et des photodiodes sont
posées dessus, de 380.000 photodiodes au début, on en est maintenant à 6.000.000
au gré des évolutions technologiques. Cela a commencé à devenir une limite
lorsque les capteurs sont arrivés au chiffre de 3.34 millions. En effet jusque
là on ajoutait un million de photosites par an à ce qui existait déjà, en
conservant la même surface. On générait donc des photodiodes de plus en petits.
Les problèmes qui apparaissaient étaient une perte de sensibilité (la surface de
chaque photosite diminuant) donc de luminosité, d'où du "bruit" vidéo (notamment
dans les parties sombres de la photo).
- Les capteurs CMOS :
Théoriquement, il s'agit de la même technologie
que les capteurs CCD, c'est à dire que ce sont également des capteurs
analogiques, mais qu'ils sont fabriqués sur des chaînes utilisées pour d'autres
puces moins coûteuses. Sur un CMOS la sensibilité des photosites est moins
grande que celle d'un capteur CCD. On trouve généralement ces capteurs sur les
appareils d'entrée de gamme, mais ils peuvent aussi être développés au coup par
coup pour des appareils plus importants.
Figure 8 : Le capteur CMOS du Canon D30
Ainsi, Canon a mis au point un capteur CMOS
spécialement pour équiper l'appareil EOS D30. Ce capteur à faible consommation
d'énergie ne présente pas les inconvénients classiques du CMOS, à savoir le
"bruit" et les variations de pixels grâce à des procédés de réduction du bruit.
Le capteur a la dimension d'un film APS (22.7 x 15.1 mm) et est "tapissé" de
3.25 millions de pixels d'une grande sensibilité au vu de leur taille. Notez que
les Canon EOS 1D et D60 possèdent aussi des capteurs CMOS spécifiques.
- Le super-CCD :
Fuji a conçu un nouveau
capteur, appelé capteur super-CCD, où la photodiode n'est plus rectangulaire,
mais hexagonale, ce qui permet théoriquement de loger plus de pixels dans la
même surface, et par là d'obtenir plus de résolution. Ce capteur fait l'objet
d'une polémique car on parle de pixels interpolés, donc fabriqués
artificiellement.
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Figure 9 : forme des photosites sur un capteur
CCD classique à gauche et sur un super CCd à droite. |
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Ainsi, les capteurs CCD traditionnels ont des
photodiodes carrées, le super CCD de FUJI a des photodiodes de forme
octogonales et les pixels sont orientés à 45°. L'organisation de l'espace permet
- de s'affranchir des
limites technologiques actuelles puisque les pixels ont une surface plus élevée
que sur un capteur traditionnel, donc d'obtenir une sensibilité plus élevée;
- d'obtenir des
résolutions horizontales et verticales qui correspondent pratiquement aux
caractéristiques de perception de l'oeil humain.
Figure 10 : Comparaison des répartitions des
photosites dans les 2 technologies
L'interpolation traditionnelle
consiste à fabriquer des pixels au moyen d'un logiciel qui va d'après les
données de couleurs, luminosité ... etc. de deux pixels en intercaler un nouveau
qui sera le résultant de deux ou plusieurs. L'interpolation du Super CCD repose
sur le principe suivant : du photosite octogonal, on détermine un carré au
centre du photosite qui va constituer un pixel, les surfaces restantes (au
nombre de quatre) sont rassemblées pour constituer un autre pixel. Il y a
effectivement un calcul, d'où interpolation, mais cette dernière se fait d'après
des éléments existants déjà physiquement.
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Figure 11 : Interpolation : CCD traditionnel et Super CCD |
Ainsi, il y a interpolation dans la mesure où
un pixel sur deux est artificiel. Mais il n'y a pas interpolation, car le pixel
qui est fabriqué l'est à partir d'éléments qui existent déjà (ils sont
simplement réunis pour constituer un nouveau pixel).
De 2.400.000 photosites
permettant des images de 4.200.000 pixels (Super CCD I), le super CCD® a évolué
à 3.300.000 photosites (Super CCD II) permettant d'atteindre des résolutions de
6.000.000 pixels avec moins de bonheur en ce qui concerne les résultats que
pour la première version.
Le super CCD vient d'évoluer en une version 3
qui quoique gardant les 3.300.000 photosites a vu les fonctions de calculs et de
transfert améliorées pour permettre (théoriquement) de pousser les sensibilités
jusqu'à 800 et même 1600 ISO, mais en perdant le bénéfice des 6 millions de
pixels (nouveaux appareils de Fuji : F601, F602). Le capteur du futur S2 Pro
avec 6.17 millions de photosites doit pouvoir délivrer des images de 12 millions
de pixels.
Pour des comparaisons d'images obtenues par CCD
traditionnel et Super CCD, on se reportera au site
http://laphotonumerique.free.fr/super_CCD.html
- Le capteur X3 :
Le capteur X3 de la société
américaine Foveon est révolutionnaire : il est doté d'un verre spécial
permettant de séparer et répartir la lumière en proportions égales sur les trois
couleurs RVB. Concrètement un photosite capture une composante RVB et non plus
une valeur de Rouge, Vert et Bleu (Filtre de Bayer) par photosite.
Le schéma de la figure 12 illustre bien le fait
qu'un capteur CCD traditionnel capture seulement une couleur (Rouge, Vert ou
Bleu) par photodiode et reconstitue un pixel avec 4 photosites (1 Rouge, 2 Verts
1 Bleu) en utilisant le filtre de Bayer.
Figure 12 : Comparaison du fonctionnement
général d'un capteur CCD avec le capteur X3
Le capteur à technologie X3 développé
par Foveon permet la capture des 3 couleurs (Rouge ,Vert et Bleu) par un seul
photosite, d'après une particularité du silicium. En effet c'est dans
l'épaisseur que le silicium est sensible à telle ou telle couleur. Pour
simplifier nous dirons que la couche superficielle du silicium arrête le bleu,
que la couche médiane arrête le vert et enfin que le rouge est stoppé par la
couche inférieure, comme l'illustre la figure suivante :
Figure 13 : Technologie du X3
Les avantages de ce capteur sont nombreux :
- Avantage au niveau des
coûts de fabrication : plus besoin de filtres colorés (ils sont dans le
photosite et moins d'électronique de calcul puisque la couleur est directement
obtenue sur le photosite et non plus après traitement électronique des couleurs
de 4 photosites).
- Avantage pour la
disponibilité de l'appareil à la mise en route et en inter images (rafale) :
moins de calcul égale moins de temps.
- Avantage qualitatif, car
il n'y a plus d'interpolation et de calculs destinés à "fabriquer" une couleur
aprés capture. Il ny a donc plus d'interpolation et on est donc en droit
d'attendre des images plus "propres". Dans ce même ordre d'idée toute la lumière
est absorbée par le photosite, sur les capteurs traditionnels la luminance de
rouge ne va pas affecter le photosite bleu (il y aurait donc une grosse
réduction des artefacts colorés ainsi que du bruit résultant dans les zones
sombres).
Ce capteur est disponible en 4/3 de pouces (3.3
millions de pixels correspondants à 9.9) et en format 1/2" (1.3 millions de
pixels correspondants à 3.9).
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